Monèmes, morphèmes et lexèmes.


1. Analyse fonctionnaliste (Martinet)



L'école fonctionnaliste réfléchit à la fonction des unités. Si le phonème est une unité distinctive, le monème (unité minimale de sens) est une unité significative. Le monème se répartit en deux types d'unités les lexèmes et les morphèmes, toutes deux porteuses de sens.



Lorsque les distinctions de catégories de genre, de nombre, de temps, d'aspect ou de mode ne sont pas marquées par un morphème spécifique, on parle de morphème Ø (morphème zéro) à condition que ce morphème soit perçu comme opposé à des marques possibles sur le même axe paradigmatique.

ex. Dans mange à l'impératif, le morphème Ø de la terminaison verbale s'oppose sur un axe paradigmatique au morphème marqué /ons/ de la forme au pluriel mangeons

Dans un lexème comme locataire, rien ne marque hors contexte s'il s'agit d'un féminin ou d'un masculin, et dans une unité comme époux, la distinction singulier / pluriel n'est pas marquée. Dans ce cas, comme il n'y a pas d'opposition entre un morphème zéro et des marques possibles sur un même axe, on ne parle pas de morphème zéro mais d'absence de marque.


2. Analyse du distributionnalisme (Bloomfield)

Le distributionnalisme plonge ses racines dans l'anthropologie dont les adeptes étudient des langues qu'ils ne comprennent pas, comme celles des indiens d'Amérique. Ce qui prime, ce n'est pas le sens auquel renvoient les formes, mais la distribution de ces formes sur un axe paradigmatique, et le fait qu'elles soient autonomisables ou dépendantes d'autres formes sur le syntagme. Toutes les unités, qu'elles soient lexicales ou grammaticales sont assimilées au morphème qui se trouve être l'unité minimale. Le sens des unités est considéré comme un phénomène annexe.

En dehors de la notion d'affixe, forme liée au morphème, le distributionnalisme introduit les clitiques (pronoms personnels atones en grammaire traditionnelle), plus liés au syntagme et à la phrase, comme je et te dans :

Je viens.
Ça te regarde.

Ils ont comme spécificité de ne pas être prédicatifs, c'est-à-dire de ne pas pouvoir être autonomisés pour faire phrase.

C'est également le cas pour les connecteurs (de, en, sur, et, si...) :

chapeau de paille
J'y vais si tu viens.



On appelle morphe la réalisation graphique ou phonique d'un morphème, un peu comme le phone est la réalisation phonique du phonème.
Les constituants immédiats d'un morphème sont également des morphes.





On peut faire une synthèse des deux modèles de la façon suivante :

FORMEL

SÉMANTIQUE

LEXÈME

autonomisable
Prédicatif en ce qu'il peut faire phrase à lui seul.

ex.
- Qu'est-ce que tu veux comme fruit : pomme ou orange?
- Orange !

Percept

MORPHÈME

Dépendant
- du mot -> affixe (-ait) ou (able)
- de la phrase -> clitiques (je, me) et connecteurs (si, de, en)
catégorie
(non empirique-> temps, quantité, possibilité, déplacement)
autonomisable
(lui, moi, là)
ex. "moi" qui ne renvoie pas à du perceptible mais à celui qui parle.





3. Les stratégies d'analyse

Onomasiologie

Sémasiologie

 


© Henriette Gezundhajt, Départements d'études françaises des Universités de Toronto, York, et Ryerson à Toronto, 1998-2009.
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