PHRASE |
PROPOSITION |
ÉNONCÉ |
Groupe stable (ou stabilisable) de
constituants.
La phrase est un phénomène
constant et stable qui fournit la signification. Une phrase est construite
selon les règles structurales de la syntaxe et selon de critères
de grammaticalité. |
Organisation d'une série limitée
de notions (souvent actantielles), autour d'un ou de quelques relateurs.
On est au niveau sémantique, celui de la construction d'une référence. |
Ancrage d'une unité contextuelle,
cursive ou détachée à un autre contexte préconstruit
ou à une situation énonciative.
L'énoncé est un phénomène
variable lié à l'activité de langage en situation
dans un <je-ici-maintenant>. Il est relié à un contexte
et il fournit le sens en fonction de la compréhension et de l'interprétation.
Les énoncés ne sont pas toujours construits en fonction de critères syntaxiques : Moi, tu sais, le sport…, ouais, bof ! |
À l'idée de grammaticalité les linguistes de l'énonciation comme Culioli préféreront celui de jugement de recevabilité.
On se distingue de la tradition chomskyenne en ne parlant pas d'universaux du langage mais de phénomènes généralisables.
Selon Émile Benveniste, la langue est générée par des activités discursives.
À l'opposition langue /parole, Benveniste préfère substituer celle de discours / récit.
DISCOURS |
RÉCIT HISTORIQUE |
Le discours est lié à la situation d'énonciation subjective et à la déixis ; certains pronoms comme « je » et « tu » sont susceptibles d'être employés ainsi que certains temps verbaux. | Dans le récit, la situation
d'énonciation n'est pas prise en compte, l'énonciateur fait
comme si les événements se racontaient d'eux-mêmes. Le passé simple ne sera utilisé que dans des conditions de récit, et les seuls pronoms personnels qui pourront être employés sont : « il », « elle », « ils » et « elles ».
|
C'est la partie de la linguistique qui traite du langage associé à son utilisation et à l'action
Le concept d'acte de parole a été
proposés par John Langshaw Austin en 1962 et développé
par John. R. Searle en 1969, tous deux, philosophes du langage :
A. constatif et performatif
ACTE CONSTATIF |
ACTE PERFORMATIF |
description par un énoncé assertif. Il fait beau |
Quand dire c'est faire - actes institués avec un énonciateur investi d'un pouvoir (mariage et baptême par un prêtre, Présidence d'une assemblée...) : je te baptise,
- Affirmation : je prétends qu'il ment - Promesse : je te promets de venir |
Pour toute production langagière, il convient de distinguer trois
actes :
ACTE LOCUTOIRE : | production d'un énoncé
selon un certain nombre de règles linguistiques. |
FORCE ILLOCUTOIRE : |
intention de l'énonciateur
en ce qui concerne le type d'information contenue dans l'énoncé :
- déclaration, - promesse, - interdiction... |
EFFET PERLOCUTOIRE | effet produit par la production
de l'énoncé sur le co-énociateurs ou sur ses actes.
Par exemple, à l'énonciation de : Il fait froid ici. Le co-énonciateur se lève et ferme la fenêtre. |
Héritée de la pensée logiciste, le fait de se demander si un énoncé est vrai ou faux est particulièrement décrié par les linguistes contemporains.
À l'énoncé :
Le roi de France est chauve
considéré comme faux par Bertrand Russell, puisqu'il n'y a pas de roi en France actuellement, on peut répliquer que de par son énonciation l'énonciateur préconstruit un cadre dans lequel cet énoncé est valide. Le problème de savoir si l'information se vérifie effectivement dans le monde n'est pas pertinent en ce qui concerne sa recevabilité.
Ducrot explique que la présupposition tend à régir le discours ultérieur en lui imposant un cadre.
Par exemple l'énoncé :
Juliette fait toujours de la danse.
présuppose : Juliette faisait de la danse avant.
En fait ce qui intéresse Ducrot c'est ce qui relève de l'implicite (ce qu'on dit sans le dire) :
Implications |
Métarègles |
Du point de vue des réalités du monde, si je dis :
J'ai oublié mes allumettes. J'implique que je n'ai pas d'allumettes. |
Il s'agit de la loi de l'existence. Si je dis,
J'ai un éléphant dans ma poche on sait qu'il ne peut pas s'agir d'un animal vivant. |
Présupposés |
Sous-entendus |
Jacques continue de fumer présuppose que Jacques fumait avant |
Alain ne déteste pas le vin
sous-entend qu'Alain aime beaucoup le vin. |
Les présupposés sont indéniables mais on peut nier
avoir fait un sous-entendu.
Tout énoncé a une fonction communicative. H. Paul Grice explique qu'il existe un principe de coopération linguistique dont il ne faut violer aucune des maximes pour être cohérent :
Maximes de Grice:
1. MAXIME DE QUANTITÉ : | Fournissez la quantité d'informations
nécessaires, ni plus ni moins. À la question : Y a-t-il une pharmacie dans le coin ? On attend une réponse comme : Oui, il y en a une à 100m d'ici mais pas la taille de la pharmacie, son âge ou la couleur de ses portes… |
2. MAXIME DE QUALITÉ : | Dites ce que vous considérez vrai. |
3. MAXIME DE PERTINENCE : | Parlez à propos. Restez en relation avec le thème de l'échange. |
4. MAXIME DE MANIÈRE | Soyez clair et précis. Évitez l'ambiguïté. Soyez méthodique. |
Selon Culioli, il existe trois principales opérations de l'activité de langage :
REPRÉSENTATIONS (cognitives) |
Chaque notion est en rapport avec des représentations mentales. |
RÉFÉRENTIATION (repérage par rapport au monde) |
Construction de propriétés et de valeurs que l’on attribue à des objets du monde en fonction de la situation. |
RÉGULATION (co-énonciation) |
Ajustement entre énonciateurs. |
Ces opérations se feront selon
un repérage de type identification, différentiation
ou rupture.
La construction d'un énoncé se produira en trois étapes :
NOTION ET DOMAINE NOTIONNEL | Une notion est un faisceau de propriétés
physico-culturelles (ex. humanité) à partir de laquelle on
construira une classe d'occurrence appelé domaine notionnel. Une occurrence sera appréhendée de façon :
un livre (parmi d'autres) ou
en relation avec une valeur typique. Il y aura alors construction d'un gradient (livre<-- ebook<--non livre) La première étape d'un énoncé consiste à construire une relation primitive entre deux notions, autrement dit, une source et un but relié par un relateur. (ex. <Moi, livre, lire>) |
RELATION PRÉDICATIVE | Choix du thème et du terme
de départ de la relation prédicative.
J'ai lu un livre. |
PRODUCTION EFFECTIVE DE L'ÉNONCÉ | C'est à ce niveau qu'apparaîtront
les marques de détermination, de temps, d'aspect et de modalité.
L'énonciateur pourra choisir de valider ou de ne pas valider la relation prédicative contenue dans l'énoncé. Par exemple par rapport à la relation <moi, livre, lire> J'ai lu un livre Il y a donc un choix effectué par l'énonciateur à partir d'une famille paraphrastique d'énoncés. |
Pour des informations plus complètes sur la théorie des opérations énonciatives, vous pouvez consulter les divers ouvrages d'Antoine Culioli et de Janine Bouscaren proposés dans la bibliographie.
© Henriette
Gezundhajt,
Département d'études françaises de l'Université
de Toronto, 1998-2018
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