Principales linguistiques externes |
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La linguistique n'est alors qu'un embranchement de la sociologie, de l'ethnologie, de la géographie, de la psychologie ou des neurosciences.
Linguistique appliquée (Linguistique liée à des pratiques) |
Lexicographie = Activité des faiseurs de dictionnaires |
Grammaire scolaire = comment un non-linguiste peut faire de la grammaire |
Droit linguistique = droit des communautés linguistiques dans une communauté politique. |
Aménagement linguistique (ex. procédures d'affichage sur un territoire donné) |
On est dans le domaine du droit ou de l'enseignement scolaire.
Dans les deux cas le vrai travail de conceptualisation et d'organisation empirique prend ses bases à l'extérieur de la linguistique. C'est pourquoi on parle de linguistique externe.
Corollairement un autre phénomène rentre en ligne de compte. Les linguistiques internes ou externes peuvent être synchroniques ou diachroniques.
Les langues évoluant dans le temps, le linguiste pourra concentrer son étude :
- soit sur l'évolution des langues
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Diachronie |
- soit sur la diapositive d'une langue à
un moment donné de son évolution, souvent l'état présent.
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Synchronie |
Par exemple pour une unité lexicale, on pourra donner
Ceci s'applique à toutes les parties de la langue.
Au XIXe siècle
dominance de la linguistique historique |
suite aux travaux de Darwin et de Marx sur l'étude
du développement humain, on prend conscience de l'évolution
des langues.
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Au XXe siècle
dominance de la linguistique synchronique (Linguistique statique = linguistique d'un état de langue) |
grâce principalement aux travaux dans le domaine de la biologie moléculaire et de la sociologie (étude des sociétés au présent) |
On peut étudier en synchronie un état de langue ancien : ex. étude du latin à un moment donné de son histoire.
L'étymologie ou la filiation des mots ne permet pas toujours de comprendre le sens présent d'un mot.
Par exemple le mot "brouette" (renvoyant
à un véhicule à une roue, trois roues ou quatre roues)
vient en fait du bas-latin "bi-rota"(=deux
roues). Quant au mot "rien" il vient
de "res" qui signifiait "chose"
ou "quelque chose". Au cours du temps
il a pris le sens contraire de son étymon.
L'étymologie pourra toutefois s'avérer utile si la filiation
n'est pas vernaculaire mais savante :
Philologie | étude pluridisciplinaire des textes anciens
à partir de plusieurs disciplines :
-linguistique |
linguistique comparée | étude comparative des langues |
Étude synchronique au départ mais amenant généralement à la diachronie.
Français | Italien | Espagnol | Portugais | Roumain | Anglais | Allemand | Neerlandais | Danois |
Lait | Latte | Leche | Leite | Lapte | Milk | Milch | Melk | Maelk |
cheval | Cavallo | Caballo | Cavalo | Cal | Horse | Pferd | Paard | Hest |
On cherche plus à faire des regroupements de familles de langues qu'à rechercher l'origine des langues. Ainsi le français et l'anglais sont des langues d'origine indo-européennes mais l'anglais relève du tronc germanique alors que le français relève du tronc romain et vient du latin.
La linguistique comparée qui démarre en synchronie nous oblige à constater des ressemblances et des différences qui nous ramènent à la filiation des langues.
Sur les critères classificatoires des langues, voir le site : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/origine-langues.htm
Pour résumer :
Langues flexionnelles |
Langues agglutinantes |
caractéristiques flexionnelles. Chaque affixe a un rôle morphosyntaxique bien particulier.
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Turc, Basque, Hongrois, Finnois, Coréen, langues caucasiennes, Swahili…
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Langues synthétiques (fusionnelles) | affixes grammaticaux variables attachés à des radicaux pour marquer (à la fois ou non) le genre, le nombre et le cas, ou la personne, le temps, le mode, la voix, etc. | La plupart des langues européennes sont des langues considérées comme synthétiques. | |
Langues isolantes | Tous les mots restent invariables quelle que soit leur fonction syntaxique. | Chinois, Vietnamien |
On peut également classer les langues selon l'ordre dans lequel les mots apparaissent dans les phrases.
Selon la place du sujet, du verbe et de l'objet on trouvera :
Les langues SOV |
« le joueur la balle frappe » |
le japonais, le turc, le coréen |
41% des langues du monde |
Les langues SVO |
« le joueur frappe la balle » |
l'anglais, le français, le swahili, les langues chinoises |
39% des langues du monde |
Les langues VSO |
« frappe le joueur la balle» |
l'arabe classique, les langues celtiques insulaires et l'hawaïen |
15% des langues du monde |
Les langues VOS |
« frappe la balle le joueur» |
le fidjien et le malgache. |
5% des langues du monde |
Les langues OSV |
« la balle le joueur frappe » |
le xavánte . |
5% des langues du monde |
Les langues OVS |
« la balle frappe le joueur » |
le hixkaryana |
5% des langues du monde |
On connaît mieux la filiation des groupes de langues à tradition écrite que de celles de tradition orale. C'est pourquoi on peut remonter jusqu'à l'indo-européen d'un côté et de l'autre on sait peu de choses sur l'origine de certaines langues africaines à culture orale, par exemple.
À l'origine (environ -3000) l'Indo-européen s'est répandu sur toute l'Europe occidentale et orientale. L'indo-européen a engendré les langues d'origine celtes, latines, germaniques, helléniques, baltiques, slaves et indo-iraniennes, ainsi que l'albanais et l'arménien. On ne remonte pas à plus de 5000 ans, et on pense que la communication humaine remonte à quatre millions d'années. On est donc très loin de la langue originelle.
Celtique |
Italique |
Germanique |
Hellénique |
Albanais |
Arménien |
Balte |
Slave |
Indo-iranien |
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Gaulois | Latin | Grec ancien | Indien | Iranien | |||||
Irlandais, breton, gallois, écossais | Italien, français, espagnol,
portugais, catalan, roumain galicien, occitan |
Anglais, allemand, néerlandais,
danois, suédois, norvégien, islandais |
Grec | Albanais | Arménien | Lituanien letton | polonais russe tchèque, slovaque, macédonien serbe croate slovène bulgare ukrainien bielo-russe |
hindi, goudjarati, pendjabi, bihari.
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farsi, afghan, kurde.. |
Les langues sino-asiatiques (chinois), chamito-sémitiques (arabe, hébreu) ou bantou-africaines (swahili, lingala, zoulou...) ne sont pas dans ce groupe.
Voir la carte mentale
Sur les grandes familles linguistiques du monde, voir le site : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/familles.htm
Voir aussi : Le dessous des cartes - Planète des langues :https://www.youtube.com/watch?v=KKZoexASTBs
III Diachronie externe du français.
Première
étape :
Entre 0 et 300 Empire romain ou Romania |
Domaine allant de la Roumanie
à l'Espagne en incluant les côtes Nord de l'Afrique, à
l'exclusion de l'extrême pointe méridionale de l'Italie
et de la Sicile où on parlait des langues pré-latines, et
aussi d'une poche entre l'Espagne et la France ou on parle le basque,
langue très ancienne d'origine pré-indo-européenne.
Le latin se divise en une dizaine de langues romanes. Lorsque les Romains ont commencé à envahir la Gaule vers - 50 avant JC, ils sont tombés sur un groupe de gens qui parlaient une langue celtique : les Gaulois qui se sont assimilés en deux générations. Les Gaulois abandonnent leur langue celtique au profit du latin tout en laissant des substrats dans la langue du conquérant, notamment pour les objets et les réalités quotidiennes pour lesquelles les conquérants n'ont pas de correspondance. ex. "charrue" en français vient de "carrus". |
Deuxième
étape :
Entre 500 et 1500 : Invasion germanique et féodalisme |
Vers 500 après JC les
Romains sont envahis par un peuple féodal, les Germaniques.
Au Ve siècle apparaissent dans la langue de nouveaux
mots comme "franc" qui va donner
"français". Il en résulte
une fragmentation de l'empire (Francs, Bavarois, Lombards,Wisigoths, Alamans).
Tout l'empire sera finalement conquis mais la population locale demeurera
plus nombreuse que les conquérants et l'assimilation linguistique
sera incomplète. Tout en imposant son mode de fonctionnement social,
c'est le conquérant qui s'assimile linguistiquement aux populations
locales. Cependant, le conquérant laisse des superstrats
dans la langue qu'il adopte. Par exemple, le vocabulaire de la guerre
(armes, fonctions militaires) "'épée"
vient de "spatha" d'origine tudesque
(germanique). Mots associés à la société féodale
(vassal, chambellan).
Le Moyen Âge : (entre 500 et 1500 constitue une grande époque de la fragmentation linguistique, due au système féodal qui a tendance à immobiliser les populations qui cultivent la terre, contrairement aux Romains qui favorisaient les échanges commerciaux. On trouve alors sur les territoires de la France et de l'Italie un grand nombre de dialectes différents. On peut considérer le Serment de Strasbourg (842) comme l'acte de naissance du Français. Les langues du Nord de la France sont appelées Langues d'Oïl et celles du Sud Langues d'Oc. Cette différence correspond à peu près à ce qu'on appellerait aujourd'hui "français" et "provençal". Chacune de ces familles se subdivise en de nombreux dialectes. |
Troisième
étape :
de 1500 à 1700 : La Renaissance |
Dès le Moyen Âge les seigneurs
féodaux recommencent à s'affilier et à se mettre
sous l'autorité d'une autorité supérieure, un roi.
On assiste donc à une reconcentration des pouvoirs et des territoires.
Petit à petit le domaine de l'Île-de-France s'impose politiquement
et militairement aux autres et impose également son dialecte.
Les dialectes parlés par les populations économiquement, politiquement et militairement fortes deviendront des langues, alors que les autres continueront à se fragmenter pour devenir des patois. Les statuts des langues et patois sont uniquement fondés sur des facteurs socio-historiques. Louis XIV, qui régna personnellement de 1661 à 1715, voulant régenter toute la vie sociale, crée des académies dans tous les domaines (marine, architecture, militaire, beaux-arts). Cependant, cette centralisation renforcée des pouvoirs royaux avait été amorcée sous le Règne de Louis XIII par le Cardinal de Richelieu qui avait déjà créé l'Académie française en 1635. Cette institution avait pour objectif de régir la langue française et de veiller à sa « pureté ». C'est la seule académie qui demeurera après la révolution française, un siècle et demi plus tard. La question de l'unité linguistique reste aussi fondamentale sous le nouveau régime que sous l'ancien régime. |
Quatrième
étape :
Colonisation |
Au XVIIe siècle:
première phase coloniale : colonisation des Amériques. Les
premiers Québécois sur le bord du Saint-Laurent et du Mississippi.
Deuxième phase coloniale au XIXe siècle. Le français va s'imposer en Afrique et dans les Caraïbes donnant ainsi naissance au phénomène des créoles qui apparaissent dans des îles géographiquement dans une situation isolée. On détruit les populations locales tout en important des esclaves parlant différents dialectes nigéro-africains qu'ils n'ont pas le droit de pratiquer. Ils doivent apprendre la langue de l'oppresseur déjà très vernaculaire et réussissent à y implanter des substrats africains "cette table" -> "c'table
là" -> "tabla". D'autre part, on appelle pidgin, une langue mixte
dotée de structures simplifiée , mais qui n'est jamais
la langue maternelle de ceux qui la pratiquent. Il s'agit souvent du
premier stade du créole, qui lui a un statut de langue maternelle
à part entière. On trouve des pidgins surtout en Extrême-Orient.
Il s'agit alors d'une langue composite, née du contact de l'anglais
avec d'autres langues, notamment le chinois et le mélanésien. |
substrat : |
superstrat : |
unité de la langue du conquis, entrée dans la langue du conquérant l'ayant assimilée. | unité de la langue du conquérant, entrée dans la langue du conquis l'ayant assimilée. |
En français, on trouve :
Il existe par ailleurs des adstrats : des emprunts à d'autres langues en contact sans rapport de dominance avec parfois un décalage de sens (ex. "play back" utilisé en français là où en anglais on dirait "lip singing")
Pour un complément sur l'Histoire de la langue française,
voir les sites : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/histlngfrn.htm et https://www.uottawa.ca/calc/linguistic-history
Pour un résumé de l'Histoire du lexique, voir : http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/lex.htm
© Henriette
Gezundhajt,
Département d'études françaises de l'Université
de Toronto, 1998-2023
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