Les linguistiques externes





Principales linguistiques externes

  • Sociolinguistique - Étude des comportements langagiers collectifs.
  • Ethnolinguistique - Étude des langues et des usages langagiers des peuples, des ethnies, en relation avec les conditions sociales spécifiques et en tant qu'expression de leur culture.
  • Géolinguistique (dialectologie) - - Étude linguistique des variantes régionales d'une langue (dialectes et patois).
  • Psycholinguistique - Étude des comportements inter-individuels
  • Neurolinguistique - Corrélation entre la structure langagière et la structure neurologique du locuteur
  •  

    La linguistique n'est alors qu'un embranchement de la sociologie, de l'ethnologie, de la géographie, de la psychologie ou des neurosciences.

     

     

    Linguistique appliquée (Linguistique liée à des pratiques)
    Lexicographie = Activité des faiseurs de dictionnaires
    Grammaire scolaire = comment un non-linguiste peut faire de la grammaire
    Droit linguistique = droit des communautés linguistiques dans une communauté politique.
    Aménagement linguistique (ex. procédures d'affichage sur un territoire donné)

     

     

    On est dans le domaine du droit ou de l'enseignement scolaire.

     

    Dans les deux cas le vrai travail de conceptualisation et d'organisation empirique prend ses bases à l'extérieur de la linguistique. C'est pourquoi on parle de linguistique externe.

     

     

    I Diachronie et synchronie

     

    Corollairement un autre phénomène rentre en ligne de compte. Les linguistiques internes ou externes peuvent être synchroniques ou diachroniques.

     

    Les langues évoluant dans le temps, le linguiste pourra concentrer son étude :

     

    - soit sur l'évolution des langues

     

    Diachronie
    - soit sur la diapositive d'une langue à un moment donné de son évolution, souvent l'état présent.

     

    Synchronie

     

     

     Par exemple pour une unité lexicale, on pourra donner

     

    Ceci s'applique à toutes les parties de la langue.

     

     

    Au XIXe siècle

    dominance de la linguistique historique
    (Linguistique diachronique = linguistique évolutive)

    suite aux travaux de Darwin et de Marx sur l'étude du développement humain, on prend conscience de l'évolution des langues.

     

    Au XXe siècle

    dominance de la linguistique synchronique

    (Linguistique statique = linguistique d'un état de langue)

    grâce principalement aux travaux dans le domaine de la biologie moléculaire et de la sociologie (étude des sociétés au présent)

     

     

    On peut étudier en synchronie un état de langue ancien : ex. étude du latin à un moment donné de son histoire.

     L'étymologie ou la filiation des mots ne permet pas toujours de comprendre le sens présent d'un mot.

     

    Par exemple le mot "brouette" (renvoyant à un véhicule à une roue, trois roues ou quatre roues) vient en fait du bas-latin "bi-rota"(=deux roues). Quant au mot "rien" il vient de "res" qui signifiait "chose" ou "quelque chose". Au cours du temps il a pris le sens contraire de son étymon.

    L'étymologie pourra toutefois s'avérer utile si la filiation n'est pas vernaculaire mais savante :

     

     

    Philologie étude pluridisciplinaire des textes anciens à partir de plusieurs disciplines :

    -linguistique
    -histoire

     

    II Linguistique comparée

     

    linguistique comparée étude comparative des langues

     

    Étude synchronique au départ mais amenant généralement à la diachronie.

     

     

    Français Italien Espagnol Portugais Roumain Anglais Allemand Neerlandais Danois
    Lait Latte Leche Leite Lapte Milk Milch Melk Maelk
    cheval Cavallo Caballo Cavalo Cal Horse Pferd Paard Hest

    On cherche plus à faire des regroupements de familles de langues qu'à rechercher l'origine des langues. Ainsi le français et l'anglais sont des langues d'origine indo-européennes mais l'anglais relève du tronc germanique alors que le français relève du tronc romain et vient du latin.

    La linguistique comparée qui démarre en synchronie nous oblige à constater des ressemblances et des différences qui nous ramènent à la filiation des langues.

    Sur les critères classificatoires des langues, voir le site : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/origine-langues.htm

    Pour résumer :

     

     

    Typologie morphologique des langues

     

     

    Langues flexionnelles

    Langues agglutinantes

    caractéristiques flexionnelles. Chaque affixe a un rôle morphosyntaxique bien particulier.

     

    Turc, Basque, Hongrois, Finnois, Coréen, langues caucasiennes, Swahili…

     

    Langues synthétiques (fusionnelles) affixes grammaticaux variables attachés à des radicaux pour marquer (à la fois ou non) le genre, le nombre et le cas, ou la personne, le temps, le mode, la voix, etc. La plupart des langues européennes sont des langues considérées comme synthétiques.
    Langues isolantes  Tous les mots restent invariables quelle que soit leur fonction syntaxique. Chinois, Vietnamien

     

     

    Typologie syntaxique des langues

    On peut également classer les langues selon l'ordre dans lequel les mots apparaissent dans les phrases.

    Selon la place du sujet, du verbe et de l'objet on trouvera :

    Les langues SOV

    « le joueur la balle frappe »

    le japonais, le turc, le coréen

    41% des langues du monde

    Les langues SVO

    « le joueur frappe la balle »

    l'anglais, le français, le swahili, les langues chinoises

    39% des langues du monde

    Les langues VSO

    « frappe le joueur la balle»

    l'arabe classique, les langues celtiques insulaires et l'hawaïen

    15% des langues du monde

    Les langues VOS

    « frappe la balle le joueur»

    le fidjien et le malgache.

    5% des langues du monde

    Les langues OSV

    « la balle le joueur frappe »

    le xavánte .

    5% des langues du monde

    Les langues OVS

    « la balle frappe le joueur »

    le hixkaryana

    5% des langues du monde

     

     

    Typologie génétique des langues

    On connaît mieux la filiation des groupes de langues à tradition écrite que de celles de tradition orale. C'est pourquoi on peut remonter jusqu'à l'indo-européen d'un côté et de l'autre on sait peu de choses sur l'origine de certaines langues africaines à culture orale, par exemple.

      

    À l'origine (environ -3000) l'Indo-européen s'est répandu sur toute l'Europe occidentale et orientale. L'indo-européen a engendré les langues d'origine celtes, latines, germaniques, helléniques, baltiques, slaves et indo-iraniennes, ainsi que l'albanais et l'arménien. On ne remonte pas à plus de 5000 ans, et on pense que la communication humaine remonte à quatre millions d'années. On est donc très loin de la langue originelle.

     

     

    Indo-européen

    Celtique

    Italique

    Germanique

    Hellénique

    Albanais

    Arménien

    Balte

    Slave

    Indo-iranien

    Gaulois Latin   Grec ancien         Indien Iranien
    Irlandais, breton, gallois, écossais Italien, français, espagnol, portugais, catalan, roumain
    galicien,
    occitan
    Anglais, allemand, néerlandais, danois,
    suédois, norvégien, islandais
    Grec Albanais Arménien Lituanien letton polonais russe
    tchèque, slovaque, macédonien
    serbe
    croate
    slovène
    bulgare
    ukrainien bielo-russe

    hindi, goudjarati, pendjabi, bihari.
    ourdou,

    bengali...

    farsi,
    afghan, kurde..

     Les langues sino-asiatiques (chinois), chamito-sémitiques (arabe, hébreu) ou bantou-africaines (swahili, lingala, zoulou...) ne sont pas dans ce groupe.

     

    Voir la carte mentale

    familles linguistiques

    Sur les grandes familles linguistiques du monde, voir le site : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/familles.htm

     

    Voir aussi : Le dessous des cartes - Planète des langues :https://www.youtube.com/watch?v=KKZoexASTBs

     

    III Diachronie externe du français.

     

    Première étape :

    Entre 0 et 300 Empire romain ou Romania

    Domaine allant de la Roumanie à l'Espagne en incluant les côtes Nord de l'Afrique, à l'exclusion de l'extrême pointe méridionale de l'Italie et de la Sicile où on parlait des langues pré-latines, et aussi d'une poche entre l'Espagne et la France ou on parle le basque, langue très ancienne d'origine pré-indo-européenne.

    Le latin se divise en une dizaine de langues romanes.

    Lorsque les Romains ont commencé à envahir la Gaule vers - 50 avant JC, ils sont tombés sur un groupe de gens qui parlaient une langue celtique : les Gaulois qui se sont assimilés en deux générations. Les Gaulois abandonnent leur langue celtique au profit du latin tout en laissant des substrats dans la langue du conquérant, notamment pour les objets et les réalités quotidiennes pour lesquelles les conquérants n'ont pas de correspondance. ex. "charrue" en français vient de "carrus".

    Deuxième étape :

    Entre 500 et 1500 : Invasion germanique et féodalisme

    Vers 500 après JC les Romains sont envahis par un peuple féodal, les Germaniques. Au Ve siècle apparaissent dans la langue de nouveaux mots comme "franc" qui va donner "français". Il en résulte une fragmentation de l'empire (Francs, Bavarois, Lombards,Wisigoths, Alamans). Tout l'empire sera finalement conquis mais la population locale demeurera plus nombreuse que les conquérants et l'assimilation linguistique sera incomplète. Tout en imposant son mode de fonctionnement social, c'est le conquérant qui s'assimile linguistiquement aux populations locales. Cependant, le conquérant laisse des superstrats dans la langue qu'il adopte. Par exemple, le vocabulaire de la guerre (armes, fonctions militaires) "'épée" vient de "spatha" d'origine tudesque (germanique). Mots associés à la société féodale (vassal, chambellan).

     Le Moyen Âge : (entre 500 et 1500 constitue une grande époque de la fragmentation linguistique, due au système féodal qui a tendance à immobiliser les populations qui cultivent la terre, contrairement aux Romains qui favorisaient les échanges commerciaux. On trouve alors sur les territoires de la France et de l'Italie un grand nombre de dialectes différents. On peut considérer le Serment de Strasbourg (842) comme l'acte de naissance du Français. Les langues du Nord de la France sont appelées Langues d'Oïl et celles du Sud Langues d'Oc. Cette différence correspond à peu près à ce qu'on appellerait aujourd'hui "français" et "provençal". Chacune de ces familles se subdivise en de nombreux dialectes.

    Troisième étape :

    de 1500 à 1700 : La Renaissance

    Dès le Moyen Âge les seigneurs féodaux recommencent à s'affilier et à se mettre sous l'autorité d'une autorité supérieure, un roi. On assiste donc à une reconcentration des pouvoirs et des territoires. Petit à petit le domaine de l'Île-de-France s'impose politiquement et militairement aux autres et impose également son dialecte.

    Les dialectes parlés par les populations économiquement, politiquement et militairement fortes deviendront des langues, alors que les autres continueront à se fragmenter pour devenir des patois. Les statuts des langues et patois sont uniquement fondés sur des facteurs socio-historiques.

    Louis XIV, qui régna personnellement de 1661 à 1715, voulant régenter toute la vie sociale, crée des académies dans tous les domaines (marine, architecture, militaire, beaux-arts). Cependant, cette centralisation renforcée des pouvoirs royaux avait été amorcée sous le Règne de Louis XIII par le Cardinal de Richelieu qui avait déjà créé l'Académie française en 1635. Cette institution avait pour objectif de régir la langue française et de veiller à sa « pureté ». C'est la seule académie qui demeurera après la révolution française, un siècle et demi plus tard. La question de l'unité linguistique reste aussi fondamentale sous le nouveau régime que sous l'ancien régime.

    Quatrième étape :

    Colonisation

    Au XVIIe siècle: première phase coloniale : colonisation des Amériques. Les premiers Québécois sur le bord du Saint-Laurent et du Mississippi.

    Deuxième phase coloniale au XIXe siècle. Le français va s'imposer en Afrique et dans les Caraïbes donnant ainsi naissance au phénomène des créoles qui apparaissent dans des îles géographiquement dans une situation isolée. On détruit les populations locales tout en important des esclaves parlant différents dialectes nigéro-africains qu'ils n'ont pas le droit de pratiquer. Ils doivent apprendre la langue de l'oppresseur déjà très vernaculaire et réussissent à y implanter des substrats africains

    "cette table" -> "c'table là" -> "tabla".

    On peut dire que , contrairement aux idées reçues, les créoles relèvent d'un français avancé.

    D'autre part, on appelle pidgin, une langue mixte dotée de structures simplifiée , mais qui n'est jamais la langue maternelle de ceux qui la pratiquent. Il s'agit souvent du premier stade du créole, qui lui a un statut de langue maternelle à part entière. On trouve des pidgins surtout en Extrême-Orient. Il s'agit alors d'une langue composite, née du contact de l'anglais avec d'autres langues, notamment le chinois et le mélanésien.

    Quant aux sabirs qui sont également des langues déformées par les mélanges de dialectes, leur système est moins complet que celui des pidgins qui sont des langues secondes à part entière. Les sabirs servent souvent aux échanges commerciaux dans les systèmes néocoloniaux. On en trouve surtout en Afrique du Nord.

     

     

     

    substrat :

    superstrat :

    unité de la langue du conquis, entrée dans la langue du conquérant l'ayant assimilée. unité de la langue du conquérant, entrée dans la langue du conquis l'ayant assimilée.

     

     

    En français, on trouve :

     

     

     

    Il existe par ailleurs des adstrats : des emprunts à d'autres langues en contact sans rapport de dominance avec parfois un décalage de sens (ex. "play back" utilisé en français là où en anglais on dirait "lip singing")

     

    Pour un complément sur l'Histoire de la langue française, voir les sites : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/histlngfrn.htm et https://www.uottawa.ca/calc/linguistic-history
    Pour un résumé de l'Histoire du lexique, voir : http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/lex.htm

     

    © Henriette Gezundhajt, Département d'études françaises de l'Université de Toronto, 1998-2023
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