Vocabulaire : uniquement les formes connues activement par l'énonciateur.
Les vocabulaires sont aussi appelés des jargons. Ils sont utilisés
dans un champ donné par un groupe social particulier. Le lexème
devient alors un marqueur sociolinguistique.
Il existe des milliers d'unités lexicales, mais personne ne connaît la totalité de la langue française. Le vocabulaire courant, appelé vocabulaire fondamental, oscille entre 7000 et 8000 formes pour un locuteur donné.
On ne dispose pas tous de la même batterie lexicale mais tout le monde partage un vocabulaire général.
Il existe deux types d'opposition dans les lexiques :
Lexicologie : branche de la linguistique théorique qui étudie les lexèmes et le lexique.
Lexicographie : lexicologie appliquée à la confection des dictionnaires. Aujourd'hui, on parle aussi de dictionnairique.
Voir la partie du site consacrée aux dictionnaires.
On constate que les formes les plus fréquentes sont des morphèmes (déterminants, mots de relation, adverbes)
Les lexèmes les plus fréquents sont censés correspondre
au français fondamental, mais on peut se demander pourquoi le mot non
n'apparaît pas dans les termes les plus fréquents. En effet, il
ne s'agit pas d'un corpus de discours polémique. On peut rétorquer
à Gougenheim que le vocabulaire employé le plus fréquemment
correspond à la réalité physico-culturelle des locuteurs.
Pour plus d'informations, voir le site : http://www.lexique.org/public/gougenheim.php
Masque : objet qui cache
le visage lors de fêtes costumées
- objet non animé
(classème)
- qui cache les yeux (sème spécifique)
- et qui cache le visage (sémantème)
- lors de fêtes costumées
(virtuème)
Seuls les traits distinctifs feront l'objet d'une analyse sémique en relation avec un champ sémantique d'unités. Les traits non distinctifs renvoient à la référence dans le monde et non plus à un champ d'unités linguistiques.
Les classèmes sont les sèmes distinctifs
et obligatoires qui consistent en une particule de sens fondamentale :
Un sémème appartient toujours à un champ lexical. C'est-à-dire qu'il est apparenté sémantiquement à d'autres unités lexicales. Par exemple, le lexème père fera partie du même champ lexical que mère, fils, cousin...
On représente généralement l'analyse sémique des
sémèmes d'un même champs lexical sous forme de matrice,
selon le modèle proposé par Bernard Pottier (1968) :
SÈME |
S1 |
S2 |
S3 |
S4 |
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É M È M E |
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Hyperonymie / hyponymie
Les hyperonymes sont aussi appelés archisémèmes
ou archilexèmes.
Pantonymie
Le phénomène consistant à désigner une notion en remontant jusqu'à un hyperonyme maximal est appelé pantonymie. En cela, des unités lexicales comme "truc", "machin", "chose", "bidule", qui permettent de renvoyer à des personnes, à des objets, ou à des notions plus abstraites sont considérées comme des pantonymes.
Passe moi le truc là
Chose est venu me voir hier.
Ne me parlez pas de ce machin a dit De
Gaulle à propos de la Société des Nations.
Il s'agit de co-hyponymes qui peuvent se commuter dans un même contexte
sur l'axe syntagmatique et qui ont un nombre important de sèmes en commun.
C'est le cas pour élève et étudiant
:
SÈME |
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É M È M E |
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Cependant, il est très rare de trouver une synonymie totale de deux termes à l'intérieur d'une langue. Si cela arrive, on a généralement affaire à des différences de registres avec des implications sociolinguistiques. C'est le cas pour "chaussures" et "godasses" qui disposent des mêmes sèmes. Cependant le second sera ressenti comme relevant d'un registre familier.
Voir dictionnaire des
synonymes de l'Université de Caen
http://elsap1.unicaen.fr/dicosyn.html
Antonymie
Les antonymes sont des co-hyponymes qui ont des sens opposés car ils contiennent les mêmes sèmes avec des valeurs positives et négatives inversées.
chaud / tiède
/ froid
bébé /
enfant / adolescent
/ adulte
lundi / mardi
/ mercredi / jeudi
/ vendredi / samedi
/ dimanche
cru / au bleu / à point / bien cuit // refroidi
bien portant / malade// guéri
Les antonymes ont en fait un caractère très synonymique car ils
ont un hyperonyme commun et contiennent les mêmes sèmes (même
si leurs polarités sont inversées).
Il arrive d'ailleurs qu'une forme lexicale soit son propre antonyme,
c'est le cas pour :
La polysémie correspond à la propriété qu'ont certaines unités lexicales d'avoir plusieurs sens :
Katz et Fodor proposent une analyse sémique du sémème
"canard" sous forme d'arborescence dans la
tradition générative transformationnelle :
C'est la mise en discours qui permettra de désambiguïser et de
rendre les unités lexicales monosémiques. De polysémique
en langue, le lexème devient monosémique en parole :
Il est très rare qu'une unité lexicale soit complètement monosémique en langue, sauf pour certains lexèmes faisant partie d'un vocabulaire très spécialisé :
J'étudie les canards de Lorenz le biologiste.
(animal)
J'étudie les canards de Louis Armstrong
le saxophoniste. (plutôt les fausses notes que les animaux
dans son jardin).
J'ai aperçu un canard (l'animal et pas le journal à cause de l'instantanéité du procès apercevoir).
- entre canard et biologiste,
il existe une isotopie animale,
- alors qu'entre canard et saxophoniste,
l'isotopie est musicale.
C'est donc le phénomène isotopique qui fait que le lexème
se monosémise en discours.
Homonymie
Il ne faut pas confondre la polysémie avec l'homonymie qui correspond
à des sémèmes qui se prononcent et s'orthographient
de la même façon mais qui n'ont aucun sème en commun.
Il n'y a pas de lien logique entre deux homonymes. Ils viennent, la plupart du temps, d'étymons
différents et ne peuvent pas apparaître dans le même
contexte.
Exemple : avocat
Cependant le critère étymologique n'est pas forcément le plus fiable. Du point de vue diachronique, il arrive qu'un polysème se transforme
en deux homonymes.
C'est le cas d'un terme comme grève qui aujourd'hui renvoie à deux sens bien différents :
Il en va de même pour la forme voler :
Or, on a oublié que le second sens provient à l'origine du premier. Au douzième siècle, voler signifiait pour un faucon qu'il poursuivait un petit oiseau pour le chasser. Aujourd'hui les locuteurs francophones ne reconnaissent aucun sème commun à ces deux emplois qui donnent lieu à deux entrées différentes dans les dictionnaires.
Les parfaits homonymes ont pour propriété d'être à la fois homophones et homographes :
Les homophones ne sont pas de parfaits homonymes s'ils ne sont pas homographes et vice versa :
Un vers de la terre
Sur un ver de terre
Dans un verre de terre
Voilà trois ----
bien terre à terre.
Paronymie
Les paronymes sont des lexèmes dotés d'une similitude formelle mais qui sont sémantiquement distincts.
induire / enduire
Ainsi,
un jour ouvrable
n'est pas un jour où les magasins sont ouverts,
comme le pensent la plupart des gens, mais un jour où on travaille ;
ouvrable a la même
origine que ouvrage,
le verbe ouvrer (travailler,
en ancien français).
Ces relations sont marquées par une terminologie venant de la rhétorique. La relation analogique est appelée MÉTAPHORE. On regroupe les trois autres sous l'appellation de MÉTONYMIE : procédé consistant à prendre un mot pour un autre auquel il est lié par un rapport logique de contiguïté.
Il existe plusieurs sortes de rapports logiques:
Ce zèbre-là,
Cet oiseau-là,
Des gorilles (gardes
du corps)
Un Picasso,
Un blaireau (le poil
de l'animal engendre la brosse)
(relation topologique)Vous le masque, approchez !
Les pieds noirs
Les peaux rouges
Ils n'ont plus de toit.
Holonymie / Méronymie
- Un holonyme A d'un mot B est un terme dont le signifié désigne un ensemble comprenant le signifié de B.
ex. maison est l'holonyme de toit
- Un méronyme B d'un mot A est un terme dont le signifié désigne une sous-partie du signifié de B.
ex. toit est un méronyme de maison (son signifié renvoie à une sous-partie de...)
La logique topologique est très empirique. Toutes ces implicitations sont aléatoires. Seuls certains virtuèmes sont sélectionnés.
Il s'agit d'un rapport de subordination sur l'axe paradigmatique.
Il se distingue en cela de la métonymie stricte qui relève, selon
Jakobson, d'un rapport de coordination entre deux notions sur l'axe syntagmatique
(cause à effet, matière à objet).
L'ANTONOMASE relève
à la fois de la métaphore (analogie) et de la synecdoque (le prototype
d'un ensemble). C'est un procédé qui consiste à employer
un nom propre comme un nom commun pour désigner un individu particulier
comme appartenant à un groupe caractériel typique.
Un don Juan = un séducteur
Un Mozart = un génie artistique
Un Einstein= un génie scientifique
Un Tartuffe = un hypocrite
Une Pénélope = une épouse patiente et fidèle
Au Québec, un moineau représente n'importe quel oiseau. (extension de sens). L'unité se met à désigner son hypéronyme.
En France, le terme lessive qui
renvoie généralement à la poudre servant d'instrument,
s'est étendu au procès (faire
sa lessive) puis au produit résultant
du procès (remonter sa lessive).
Descente dans la hiérarchie. On emploie l'hypéronyme pour désigner un de ses hyponymes.
Les hommes du patron.
La fille du père et de la mère.
Au Québec, l'animal ne désigne que les mammifères.
Benjamin Lee Whorf reprend empiriquement cette hypothèse à travers l'étude du hopi, langue amérindienne qui n'a pas de marqueurs morphologiques temporels. Le temps n'est pas envisagé dans son déroulement et le mot jour n'a pas de pluriel. Au lieu de :
On peut donc résumer l'hypothèse Sapir-Whorf en deux grands points :
1. Le langage est un produit socio-historique qui réorganise la vision du monde.
signifie originairement celui qui est lié (le vassal). |
signifie celui qui est à cheval |
Les Germains considéraient le chevalier de l'intérieur, selon sa fonction, comme un serviteur attaché au roi, dont il porte les armes. | Les Gallo-Romains ayant subi la conquête des Germains voyaient de l'extérieur les vassaux du roi. N'ayant pas de tradition féodale, ils ont appréhendé le personnage du chevalier à travers son activité et non sa fonction. |
En effet, là où un locuteur français
ne percevra qu'une couleur, un locuteur polonais en percevra deux :
Par ailleurs, les francophones voient en une
chaise et un fauteuil
deux meubles bien distincts, alors que pour les anglophones
armchair, tout comme
wheelchair (chaise roulante), est un hyponyme
de chair (chaise).
Toutefois, cette idée de vision du monde construite par la langue est contestable à plusieurs niveaux :
Même s'il existe bien une certaine stabilité (ex. rouge est la même couleur pour tous les francophones), l'inhérence est beaucoup plus instable qu'il n'y parait.
Dans rouge sang la couleur semble plus altérée que dans sang rouge
De plus, les lexèmes peuvent changer de sens dans le même texte. Il y a alors un phénomène de diaphore, autrement dit, un rajustement sémantique graduel d'une unité lexicale dans un contexte défini.
Si on parle d'une rencontre qu'on a faite et qu'on en donne les détails, le terme rencontre se charge petit à petit des éléments fournis et n'a plus le même sens à la fin de la conversation qu'au début.
De même, un mot comme misérables se charge de sens au fur et à mesure de la lecture du roman Les Misérables de Victor Hugo.
En fait, les lexèmes prennent une charge spécifique dans leurs définitions à cause de ce qui est fourni contextuellement. S'ils renvoient souvent à des propriétés physico-culturelles relativement stables, celles-ci sont susceptibles de déformabilité.
Par exemple, il y a de fortes chances pour qu'un citadin
considère que la notion oiseau renvoie à
un animal plutôt petit, qui a des plumes, qui vole, qui pond des oeufs
et qui vit dans des arbres. Dans ce cas le moineau
sera plus représentatif de la classe que la
poule qui ne vit pas dans
les arbres et qui ne vole pas. On construira alors un domaine notionnel,
avec une frontière et un centre type vers lequel les éléments
non typiques tendent ou dont ils s'éloignent. C'est ce qu'on appelle
un repérage en intension ou en extension.
En ce qui concerne l'analyse du lexique, on est donc passé
d'une analyse sémique discrète en langue à un repérage
notionnel en continu effectué par l'énonciateur.
Vous retrouverez des notions liées à
la lexicologie et à la sémantique dans Le
petit glossaire du sémanticien.
de
L'espace virtuel de l'Equipe Sémantique des Textes sous la direction
de François Rastier.
© Henriette
Gezundhajt,
Département d'études françaises, Université
de Toronto, Université York à Toronto, 1998-2016
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