Les exemples qui suivent sont tous employés au Québec. Cependant, ils ne sont pas tous attestés au même degré par les locuteurs québécois. Ils seront contraints à des critères régionaux, sociaux, situationnels et discursifs. Par ailleurs, ils ne sont pas tous typiques du Québec. Certains de ces exemples peuvent se retrouver chez les francophones de France en régions ou en situation familière.
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Français du Québec |
Français standard |
Contraction de certaines expressions.
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Je ne l’aime pas pantoute. Coudon, je suis rassurée. … dans rue … sul lit M’a t’dire une affaire |
Je ne l’aime pas du tout. À vrai dire, dis-donc (écoute donc), je suis rassurée. … dans la rue … sur
le lit |
Double négation |
Y’a pas personne qui sait ça. |
Y’a personne qui sait ça. |
Place des pronoms |
Dis-moi pas ça! donne-moi-le. |
Ne me dis pas ça! Donne-le-moi. |
Variation de prépositions dans certains
contextes |
Elle se fie sur Paul. Il travaille sur la ferme. Il est sur le chômage. J’ai laissé le dossier avec la secrétaire. Elle travaille avec la même société depuis douze ans. J’ai aidé mon frère avec ses devoirs. Il a marié Isabelle. J’ai des enfants à m’occuper. |
Elle se fie à Paul. Il travaille dans la ferme. Il est au chômage. J’ai laissé le dossier à /chez la secrétaire. Elle travaille dans la même société depuis douze ans. J’ai aidé mon frère à faire ses devoirs. Il s’est marié avec Isabelle. J’ai des enfants dont je dois m’occuper. |
Remplacement de « et » par « pis » (puis) |
Moi pis Mireille, on va faire un tour. |
Mireille et moi, on va faire un tour. |
Prépositions dans les repères temporels |
Il fait beau à matin. Il vient à tous les jours. J(e) (ne) peux rien dire asteure(à cette heure). |
Il fait beau ce matin. Il vient tous les jours. J(e) (ne) peux rien dire pour le moment. |
Ponctuation du discours par «là» |
Moi là, ta table-là, j’l’aurais changée de place. |
Personnellement, ta table, j’l’aurais changée de place. |
Utilisation de la particule «tu» comme marqueur interrogatif |
Il vient-tu ? |
(Est-ce que) tu viens ? |
Neutralisation du genre des pronoms à la troisième personne du pluriel (disparition de «elles») |
Jeanne et Julia, i(ls) sont venus et j’ai parlé avec eux. |
Jeanne et Julia, elles sont venues et j’ai parlé avec elle. |
Emploi de pronoms pluriels dans certains contextes |
Je vais venir te voir chez vous. |
Je vais venir te voir chez toi. |
Reprise du sens plutôt que la forme pour les noms de groupes |
La police, i(ls) sont venus. Le monde sont contents. |
La police, elle est venue. Le monde est content. |
Pronoms toniques en apposition ou compléments d’objet à la 1ère et la 2e personne suivis de «-autres » |
Nous-autres, on part. Je viens avec vous-autres |
Nous, on part. Je viens avec vous. |
Neutralisation des pronoms relatifs au profit de « que » (populaire, au Québec et en France) |
Le livre que j’ai besoin La fille qu’elle est venue |
Le livre dont j’ai besoin La fille qui est venue |
Interrogation indirecte calquée sur l’interrogation directe. (populaire, au Québec et en France) |
Je sais c’est où. Je sais qu’est-ce qu’elle veut. |
Je sais où c’est. Je sais ce qu’elle veut. |
Expressions disparues en FS |
Tu serais mieux de partir avant la pluie Mais que la classe finisse, je vais partir. |
Tu ferais mieux de partir avant la pluie Dès que la classe sera finie, je partirai. |
Neutralisation du choix de l’auxiliaire au profit de «avoir» |
J’ai tombé I(ls) ont venu |
Je suis tombé(e) Ils sont venus |
Utilisation du futur périphrastique pour marquer une rupture temporelle |
Quand je vais être grand… |
Quand je serai grand… |
Formes verbales vernaculaires au
subjonctif |
que je jouse que je faise que je save |
que je joue. que je fasse. que je sache. |
Substitution du conditionnel au
subjonctif |
J’aimerais que tu viendrais avec moi. |
J’aimerais que tu viennes avec moi. |
Double conditionnel (populaire au Québec et en France, stigmatisé) |
S’il viendrait, je serais contente. |
S’il venait, je serais contente. |
Variation nom / adjectif |
Tomber en amour. Être chanceux. |
Tomber amoureux. Avoir de la chance. |
© Henriette
Gezundhajt,
Département d'études françaises de l'Université
de Toronto, Université York à Toronto 1998
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