6.2.1. Verbes de perception et phrases causatives




Revenons maintenant aux phrases suivantes :

    J'ai vu l'assiette tomber.

    Il a fait manger la tarte à l'enfant.

Ces deux phrases sont grammaticales, elles contiennent un verbe à l'infinitif donc il n'y a pas de Temps dans la phrase enchâssée et la phrase enchâssée contient un sujet. Etant donnée la condition des cas, nous devons conclure que le sujet a un cas sinon la phrase serait agrammaticale. Nous savons que le cas du sujet ne peut pas venir du Temps. Nous devons donc conclure que le cas du sujet doit provenir d'ailleurs.









 Cas de l'objet direct

Pour la première phrase, nous avons l'intuition que l'assiette est le sujet de tomber mais aussi l'objet de voir. Il serait donc possible de faire l'hypothèse que l'assiette reçoit un cas du verbe. Y a-t-il moyen de prouver ceci ? Si l'assiette reçoit un cas du verbe, ce cas ne sera pas un cas sujet (ou nominatif) -- puisque c'est le Temps qui assigne le cas sujet -- ce sera plutöt un cas accusatif (le  cas d'un objet direct). Le problème c'est qu'en français les noms ne sont pas marqués morphologiquement pour le cas; on ne peut donc pas dire si l'assiette a le cas nominatif ou le cas accusatif.


 Cas du compl.
de la préposition



Mais nous savons que les pronoms sont marqués pour le cas. Nous pouvons donc remplacer l'assiette par un pronom pour voir quelle forme est utilisée.

     * J'ai vu elle tomber.
       Je l'ai vue tomber.

Nous savons maintenant que l'assiette n'a pas le cas nominatif mais bien le cas accusatif et nous pouvons conserver l'hypothèse qui dit que cette phrase est grammaticale parce que l'assiette a un cas. Considérons maintenant la deuxième phrase :

    Il a fait manger la tarte à l'enfant.

L'enfant est le sujet de manger mais il ne peut pas recevoir un cas sujet puisqu'il n'y a pas de Temps. Puisque la phrase est grammaticale, nous devons supposer que l'enfant a reçu un cas d'ailleurs. Nous savons que les prépositions assignent des cas, nous pouvons donc dire que c'est la préposition à qui donne son cas à l'enfant. Ici, nous aurions affaire non pas à un cas nominatif mais bien au  cas du complément de la préposition (le cas oblique) comme celui que reçoit l'objet indirect dans:

    Je parle à Marie.

Encore ici, pour appuyer notre hypothèse il suffit de remplacer l'enfant par un pronom:

    * Il a fait manger la tarte il.
    * Il a fait il manger la tarte.
      Il lui a fait manger la tarte.

Le sujet se pronominalise comme un pronom oblique comme c'est le cas dans:

    Je lui parle.





LE CAS DU SUJET